Нов Български Университет

Департамент Чужди езици
Годишник 2011
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Analyse syntagmatique du verbe tomber : interprétations sémantiques et traduction en bulgare
Tzvétilena Krasteva

Syntagmatic analysis of the verb tomber: semantic interpretations and translation into Bulgarian

The pragmatic analysis of the meanings of the French verb tomber illustrates the wide semantic range of a lexical unit depending on its syntactic structure and phraseological combinability. The interpretation of meanings in set collocations of the French verb for ‘fall’ is also a means of comparative analysis of the cultural environments which it builds up and in which present-day interlingual and intercultural communication takes place. This approach aims to enrich the cultural competence of students of French and provide them with a useful tool in their preparation for working in the field of translation or of teaching the French language.

Примерният анализ на значенията на френския глагол tomber показва широкия семантичен обхват на дадена лексикална единица в зависимост от синтактичната ѝ структура и фразеологичната комбинаторика. От друга страна интерпретацията на значенията в устойчивите словосъчетания при употребата на глагола падам във френски език и преводът им на български е и средство за сравнителен анализ на културната среда, която изгражда и в която се развива съвременното междуезиково и междукултурно общуване. Този подход има за цел да обогати езиковата и културалната компетентност на студентите, изучаващи френски език, както и да им предостави полезен инструмент в професионалната им подготовка за работа в областта на превода и преподаването на френски език.

L’objectif de cet article est de présenter, à travers l’exemple des syntagmes et locutions du verbe tomber, une approche pour l’interprétation du contenu sémantique au delà du « mot ». A travers l’analyse des différents types de constructions syntactiques (syntagmes) qui s’enchaînent lors la construction phrastique, ainsi que des locutions et expressions spécifiques, cette démarche d’analyse vise d’une part à améliorer les connaissances linguistiques des étudiants en français – langue étrangère, d’autre part, à perfectionner leurs compétences communicatives et culturelles, visant ainsi une meilleure approche de l’interprétation lors de la traduction en bulgare.  

 

 

Rappel : la notion de syntagme – domaine syntactique

Quelques définitions :

1.    D’après Ferdinand de Saussure le syntagme représente tout ensemble d’éléments qui se trouve en relation de subordination pour former un ensemble au niveau hiérarchique suivant : mot, expression, phrase. Dans l’analyse syntaxique, le terme est également employé comme synonyme d’expression lexicale : syntagme nominal, verbal, etc.

2.    Un syntagme est l'intermédiaire entre le mot et la phrase : c'est un groupe de mots qui forme une unité par son sens et par sa fonction, à l'intérieur de la phrase.

3.    Le "syntagme" est un concept linguistique représentant un groupe de mots qui produit un sens (une idée) unique :

- Le chien dort. (Cette courte phrase émet l'idée d'un animal qui fait quelque chose.)

- Les avions, le cheval, Roméo (exemples de syntagmes isolés).

- La voiture avance. (Dans cette phrase on a un syntagme nominal /la voiture/ et un syntagme verbal /avance/.

Le syntagme est donc une unité linguistique linéaire qui appartient au domaine où se recoupent celui de la morphologie (parties du discours) et celui de la syntaxe (organisation de la phrase).

En d’autres termes, la syntagmatique rend compte à la fois des rapports sémantiques (propriétés de combinatoire) et des propriétés grammaticales (de construction) des « mots » dans une langue.

Les classes de mots qui établissent des rapports syntagmatiques sont :

  •      les classes de mots prédicatives (mots à sens plein, qui correspondent à des représentations mentales nettes et autonomes) dont :

1) le verbe /marcher/;

-          2) le substantif (le nom)/table/;

-          3) l’adjectif /beau/;

-          4) l’adverbe /bien/

  •      les prépositions

Soit 5 types de syntagmes :

-            SYNTAGME VERBAL (SV) : l’élément central en est un VERBE

-            SYNTAGME NOMINAL (SN) : l’élément central en est un SUBSTANTIF (un nom)

-            SYNTAGME ADJECTIVAL (SAdj) : l’élément central en est un ADJECTIF (qualitatif)

-            SYNTAGME ADVERBIAL (SAdv) : l’élément central en est un ADVERBE

-            SYNTAGME CIRCONSTANCIEL (SC) : l’élément central en est une PREPOSITION

 

LE SYNTAGME VERBAL (SV)

Types de verbes selon le niveau d’analyse :

  •      Au niveau lexical : verbes lexicaux (à sens plein), qui forment des locutions verbales : être, avoir, faire, mettre, tenir, prendre, donner, etc. ;
  •      Au niveau grammatical : verbes auxiliaires (désémantisés, à l’aide desquels on exprime un contenu grammatical, formant les temps composés (avoir et être + participe passé), ou périphrastiques (être /en train de/, être /sur le point de/, aller, venir de, + infinitif);
  •      Au niveau lexico-grammatical : verbes semi-auxiliaires (verbes à construction infinitive) : verbes de phase, verbes  modaux, verbes de sentiment, verbes de mouvement (évolutifs), etc.

Types de syntagmes verbaux lexicaux (que forment les verbes à sens plein).

Le processus exprimé par les verbes se déroule, dans le temps et dans l’espace, à partir d’un support (que la grammaire traditionnelle appelle le sujet) vers un aboutissement nominal (qui est traditionnellement appelé, selon sa fonction : attribut, complément, etc.).

Le processus exprimé par les verbes aboutit :

1.    en lui-même : le verbe forme un syntagme absolu :

Je suis ! J’existe ! Je vis !

2.    en un élément nominal (adjectif ou nom en fonction d’attribut) ; le verbe forme un syntagme attributif :

Je suis beau, intelligent ; je suis un génie !

3.    en un locatif (nom de lieu ou de situation) ; le verbe forme un syntagme situationnel :

Je suis dans la salle ; Je suis en classe ; Je suis dans l’embarras.

4.    sur un objet directement ou indirectement ; le verbe forme un syntagme transitif :

Je fais des bêtises ; Je parle du bonheur aux gens que j’aime.  

Dans le cas général, le sujet et le terme nominal représentent des syntagmes nominaux (SN) : un groupe nominal ou pronominal. 

Bien que tout verbe implique un sujet (le point de départ du processus), il est très important, lors de l’analyse du syntagme, de rendre compte de sa nature : s’agit-il d’un être animé [€], inanimé  [1] ou d’une position vide [Ø] ? Cela affecte le sens de l’expression.

Même remarque en ce qui concerne la nature de l’objet.

Si les positions dans toute construction syntactique permettent un choix quasiment illimité parmi les éléments de la catégorie respective, le contenu sémantique du verbe impose des possibilités limitées ou même une combinaison unique, s’il s’agit d’un terme spécialisé ou d’une expression figée.

 

Les syntagmes du verbe TOMBER

Avant de procéder à l’analyse et pour illustrer les types de syntagmes, ainsi que les divers emplois du verbe tomber, en français et en bulgare, il serait opportun tout d’abord de présenter une partie du corpus sur lequel nous avons travaillé, notamment des extraits de nos références[1].

TLF

Empl. intrans.

I. − Être entraîné vers le bas sous l'effet de la pesanteur. Synon. choir, chuter.

A. − [En parlant de la chute phys. des êtres et des choses ; le verbe est la plupart du temps suivi d'une prép. indiquant la provenance, la destination ou l'aboutissement] Être entraîné par son propre poids d'un point plus élevé vers un point moins élevé, sous l'effet d'influences de toutes natures.

1. [En parlant d'inanimés]

a) [En parlant d'objets] J'ai vu sur un bahut un petit tableau de Rubens qui est posé debout contre une pile de bouquins, et qui a déjà dû tomber bien des fois, car le cadre est tout brisé (Hugo, Rhin, 1842, p. 378). Un pot de fleurs tomba et se brisa. La fenêtre de Christophe, mal fermée, s'ouvrit avec fracas. Et le vent chaud entra (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1419).

α) [Suivi de la prép. de indiquant la provenance] V. foyère rem. s.v. foyer ex. de Pourrat.

− Locutions

♦ Tomber des mains. Cesser d'être retenu, échapper aux mains de quelqu'un, en dehors de sa volonté, plus particulièrement en parlant d'un ouvrage sur lequel on ne parvient plus à se concentrer au point de le lâcher. Henriette ne voyait plus que du noir. (...) les imaginations mauvaises la tourmentèrent. Elle essaya de travailler, de lire: la tapisserie et le livre tombèrent de ses mains (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 152).

♦ Les écailles lui tombent des yeux. V. écaille A 2 b.

β) [Suivi de la prép. dans indiquant la direction, la destination] Tout à coup mes deux fenêtres s'ouvrirent à la fois, et toutes leurs vitres cassées tombèrent dans ma chambre avec un petit bruit argentin fort joli à entendre (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 114). La botte que Gaspard lui avait renvoyée par-dessus le mur voltigea dans le jardin et tomba dans les framboisiers (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 161).

γ) [Suivi d'un compl. indiquant la cause] Il nous semblait que de longues tables de schiste en équilibre depuis des siècles devaient tomber au moindre choc (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 243).

δ) [Suivi d'un compl. indiquant la manière] [Le gland] tombe avec ce bruit mat, lourd, étouffé qui caractérise sa chute (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 131).

b) [En parlant de qqc. qui fait partie d'un tout]

α) [En parlant d'éléments concr. qui, d'un mouvement, ne font plus partie d'une chose qu'ils constituent] Se détacher de. Je reconnais que, lorsque j'ai vu plusieurs tiroirs tomber d'un meuble, je n'ai plus le droit de dire que le meuble était tout d'une pièce (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 14).

− [En parlant d'une chose mûre, malade ou morte (fleur, fruit, cheveu, dent, peau)] Effectuer une chute naturelle ou être entraîné dans une chute, après avoir été fragilisé par une circonstance extérieure. L'automne fait les bruits froissés De nos tumultueux baisers. Dans l'eau tombent les feuilles sèches Et, sur ses yeux, les folles mèches (Cros, Coffret santal, 1873, p. 31). Le vent soufflait et les feuilles jaunes voletaient autour de nous pendant que les marrons tombaient à nos pieds (Green, Journal, 1934, p. 234).

♦ [Dans une tournure impers.] Le seul poisson, et même le seul animal que je sache, dans lequel, outre la dent, il tombe une partie de l'os (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 130).

♦ P. métaph. Il y a, depuis des mois, une veine de malheur sur nous. Toutes nos espérances presque mûres tombent pourries. Tout avorte, tout manque (Goncourt, Journal, 1859, p. 595).

− [En parlant des larmes, de la sueur] Couler (de). De grosses larmes tombèrent des yeux flétris du pauvre soldat et roulèrent sur ses joues ridées (Balzac, Chabert, 1832, p. 76).

− Rhume, fluxion qui tombe sur la poitrine. Rhume, fluxion qui, quittant la gorge, gagne les bronches, les poumons. (Dict. xixe et xxe s.).

β) [En parlant d'une parole, d'un son] Être prononcé avec un aspect net, sec; parvenir à l'oreille comme détaché de toute origine. Quand (...) [Geneviève] commença l'histoire de la pécheresse (...) [Madeleine Férat] écouta, prise d'une émotion poignante. Les versets tombaient un à un, et Madeleine croyait que la grande Bible parlait d'elle (Zola, M. Férat, 1868, p. 130). P. métaph. Sensation que les mots tombent chargés, voluptueux, avec le lent goutte à goutte des larmes (Du Bos, Journal, 1924, p. 11). Les quarts, les demies, les heures tombent du clocher (Blanche, Modèles, 1928, p. 181).

− Loc. fig. Ne pas tomber dans l'oreille d'un sourd*. Tomber dans l'oreille de qqn. Être saisi, perçu par hasard. Si, par un bavardage commun entre les gens, un mot en tombait dans l'oreille d'E. (Balzac, Corresp., 1822, p. 183). Un mot, un propos n'est pas tombé par terre. Quelqu'un l'a retenu, remarqué, relevé. (Ds Littré).

c) [En parlant de phénomènes atmosphériques concernant le temps, la température, la lumière]

α) [En parlant de manifestations atmosphériques liées au temps et faisant intervenir l'eau le plus souvent]

− [En parlant des précipitations (crachin, grêle, neige, pluie, etc.)] Venir du ciel pour arriver au sol. La pluie tombait paisiblement avec une monotonie qui ne manquait pas de charme (M. de Guérin, Journal, 1834, p. 203). La galerie asphaltée qui borde le salon n'est plus qu'une nappe d'eau frémissante qu'étoilent sans relâche les gouttes pressées qui tombent du ciel (Amiel, Journal, 1866, p. 212).

− Loc. fam. Tomber des cordes. Pleuvoir très fort. (Dict. xxe s.). Synon. pleuvoir* à verse. Tomber des hallebardes. V. hallebarde.

♦ [P. réf. à la bataille qui eut lieu à Gravelotte et qui fut une véritable hécatombe] Tomber comme à Gravelotte. [Se dit de la pluie quand elle est violente] P. anal. [En parlant de concepts, de notions] Se présenter en très grand nombre. Ce Raspail (...) on lui donne douze pages en couleurs pour (...) exposer ses statistiques bidons, lancer des projections paniquardes maquillées scientifiques. Vous pensez s'il s'en donne (...) les « chiffres secrets » tombent comme à Gravelotte (Hara Kiri, déc. 1985, p. 96, col. 1).

♦ [Suivi d'un compl. de manière] La pluie tombait par torrents, le vent mugissait (...) et les pâles éclairs s'éteignaient sous les nuées qui crevaient de toutes parts (Sand, Lélia, 1833, p. 197). La neige se mit à tomber par rafales drues, rapides, épaisses (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 278).

Tomber en + subst. indiquant la manière. Vers minuit, la pluie (...) se mit à tomber en larges gouttes (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 153). Région. (Centre). [En parlant de la foudre, suivant qu'elle détermine une averse, un incendie ou un bris de toiture] Tomber en eau, en feu, en pierre (France 1907).

Loc. Tomber dru, tomber à verse. La pluie se mit à tomber si dru, qu'il fallut rester à la maison (About, Roi mont., 1857, p. 37). Depuis le matin la pluie tombe à verse (Flaub., Corresp., 1871, p. 284).

♦ [Dans une tournure impers.] Après les gelées, il tomba tellement de neige, que les courriers en furent arrêtés sur la côte des Quatre-Vents (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 13).

♦ P. compar. Des pensées trempées de mélancolie tombèrent sur mon cœur comme une pluie fine et grise embrume un joli pays après quelque beau lever de soleil (Balzac, Lys, 1836, p. 51).

− [En parlant de manifestations liées à la condensation (brouillard, brume, rosée)] Descendre vers le sol en enveloppant les choses. Une brume tombe, mouillée comme une grève après la marée, une brume qui sent le sable et le sel. Hypocrite, elle enveloppe tout. Les formes des maisons s'affaiblissent, s'exténuent (Queffélec, Recteur, 1944, p. 8):

1. Nous nous sommes baignés dans des piscines (...). Au plafond translucide une buée odorante montait; elle se figeait en rosée; la lumière en était bleuie, et du plafond, dans l'eau, cette rosée tombait goutte à goutte

Gide, Voy. Urien, 1893, p. 29.

♦ P. compar. Je sentais le vent du matin glisser sur mes tempes, je ne sais quoi de frais comme la rosée qui tombait du ciel dans mon âme (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 358).

β) [En parlant de manifestations atmosphériques concernant la température] Descendre sur quelque chose ou quelqu'un, l'envelopper. Il semble que le soleil ait fait un bond vers la terre: son brasier rapproché craque au bord du ciel. La chaleur tombe épaisse comme une pluie d'orage (Giono, Colline, 1929, p. 87). Sous ces voûtes, un froid tombait aux épaules (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 288).

γ) [En parlant de manifestations atmosphériques liées à la lumière (soleil, rayons, foudre, etc.)] Descendre vers le sol selon une direction définie. La foudre tombe. De grands rayons noirs qui tombaient du nuage se croisaient avec les rayons d'or qui venaient du soleil (Hugo, Rhin, 1842, p. 29). Au dehors le grand soleil de midi tombait sur les champs. Les arbres fruitiers rayaient l'air bleu de leurs branches noueuses, et les seigles déjà grands, ondulant sous la lumière, se creusaient de frissons d'argent (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 189).

♦ Tomber d'aplomb*.

− P. anal. [En parlant des yeux, du regard] Tomber sur. Il pâlit et chancela, son regard magnétique tomba comme un rayon de soleil sur mademoiselle Michonneau (Balzac, Goriot, 1835, p. 221). Son œil clair, jaune et dur tombait sur vous comme un rayon du soleil en hiver, lumineux sans chaleur (Balzac, Lys, 1836, p. 49).

δ) [En parlant de l'approche de la nuit, de la lumière du jour qui décline] Baisser. Il était à peine quatre heures, et Dejoie venait déjà d'allumer les lampes, tellement la nuit tombait vite, sous le ruissellement blafard et entêté de la pluie (Zola, Argent, 1891, p. 300). Elle s'en fut seulement à la fenêtre jeter un long regard au dehors (...). Le soir tombait bleuissant la nappe de neige (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 103). Au fig. [Pour exprimer la tristesse] Au dedans de moi le soir tombe (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 85).

d) Spécialement

α) ASTRONAUT. Tomber en chute libre. Descendre rapidement en se rapprochant du centre de la terre selon un mouvement vertical uniformément accéléré sous l'effet de la loi de la pesanteur. La capsule s'est séparée du dernier étage de la fusée (...). Elle flotte maintenant, elle « tombe » en chute libre sur son orbite (L'Aurore, 13 avr. 1961, p. 2, col. 6 ds Guilb. Astronaut. 1967).

β) IMPR. Empl. abs. Tomber (s.-ent. des presses). Paraître. On remarquera (...) une pendule où un angelot joufflu armé d'une faux avertit chacun qu'un journal doit tomber à l'heure (Le Monde aujourd'hui, 1er-2 déc. 1985, p. iii, col. 4). Quelques jours plus tard tombe l'article des Lettres françaises. Ce sont encore mes patrons qui me l'apprennent. François d'Eaubonne me dit de me mettre à l'argus pour ne pas rater les articles (V. Thérame, Journal d'une dragueuse, 1990, p. 238).

♦ Tomber sur système. ,,Justifier les lignes ou les colonnes d'un tableau sur des fractions de douze (3, 6 et 9 points)`` (Comte-Pern. 1963). Tomber en page. ,,Rester dans le cadre d'une page`` (Comte-Pern. 1963).

γ) MAR. Tomber à cul sur une manœuvre. ,,Abattre sur elle, haler à la renverse en portant tout son poids`` (Merrien 1958). [En parlant d'un bateau] Tomber sur le flanc, tomber à l'échouage. Se renverser quand une béquille vient à manquer (d'apr. Merrien 1958).

δ) VERSIF. LAT. [En parlant d'un vers] ,,Ne pas avoir de césure au 2e ou au 3e pied`` (Besch. 1845).

Rem. Littré le signale simplement d'un vers dont la césure est défectueuse et en parle aussi dans le domaine musical en parlant d'une phrase musicale ,,qui finit brusquement, qui n'est pas carrée``.

2. [En parlant d'animés]

a) Faire une chute à la suite d'une perte d'équilibre, passer d'un stade supérieur à un stade inférieur. Debout, éblouie par la tranchée lumineuse que la porte de l'hôtel projetait jusque sur la chaussée, elle demeura immobile, si étourdie qu'elle faillit tomber (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 171):

2. Une balle (...) finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa (...). Gavroche n'était tombé que pour se redresser; il resta assis sur son séant (...) et se mit à chanter: Je suis tombé par terre, C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à... Il n'acheva point.

Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 461.

− Expr. Tomber comme une masse. V. masse1 I A 2. Tomber tout d'une pièce. V. pièce II C 2.

α) [Suivi de la prép. de indiquant l'endroit d'où l'on tombe] Le calife poussa violemment Pécopin, qui perdit l'équilibre et tomba du haut de la tour (Hugo, Rhin, 1842, p. 193). Alban vient de tomber d'un mauvais canasson (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 424).

− Au fig. Il tomba du haut de son orgueil, il pria, non pas encore Dieu, mais les hommes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 163).

− Loc. fig. Tomber de (son) haut. V. haut1 II G 1.

β) [Suivi d'un compl. indiquant la direction, la destination, l'endroit où l'on tombe] Je tombai à terre, suffoqué, étourdi, demi-mourant (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 204). Mes jambes fléchirent. Je tombai sur le banc (Fromentin, Dominique, 1863, p. 110).

b) Faire une chute de différentes manières; en partic., entrer en contact physique avec l'endroit où l'on tombe, sur une partie du corps. Tomber en arrière, en avant, de côté.

♦ Tomber sur le derrière. Aristide trouva plaisant (...) de lui retirer sa chaise. Perrin tomba sur le derrière (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 88). Au fig. V. derrière3.

♦ Tomber sur le flanc. [Le chat] était tombé sur le flanc, en voulant sauter d'un arbre à l'autre et suivre le chemin des écureuils (About, Nez notaire, 1862, p. 67).

♦ Tomber sur les genoux. Elle tomba sur les genoux, comme tombe un animal blessé (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Jour de fête, 1886, p. 1057).

♦ Tomber sur son séant. Voici Malitourne l'empressé (...) qui donne l'assaut le premier. Il fait bélier de ses reins. (...) la porte cède un peu trop tôt: Malitourne tombe sur son séant (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 237).

− Locutions

♦ Tomber à la renverse. Je faillis tomber à la renverse, comme un homme qui subit une émotion trop forte (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 183).

♦ Tomber sur le cul*. Au fig., pop., vulg. (En) tomber sur le cul. Être stupéfait, décontenancé. Nous avons changé d'idée, nous restons en France... Les employés de l'ambassade en étaient tombés sur le cul! C'était la première fois que des personnes qui avaient obtenu le visa définitif refusaient l'Amérique! (V. Thérame, Journal d'une dragueuse, 1990, p. 251).

♦ Tomber la tête la première. Il (...) décacheta la lettre. Le ton de son exclamation était (...) effrayant (...) je le vis rougir et pleurer. Puis tout à coup il tombe la tête la première en avant (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 268).

♦ Tomber les quatre fers en l'air. Synon. de tomber à la renverse (supra). Par moments, ils descendaient du trottoir, pour laisser la place à un ivrogne, tombé là, les quatre fers en l'air (Zola, Assommoir, 1877, p. 461).

♦ Tomber cul* par dessus tête.

♦ Tomber face contre terre. Il recule imperceptiblement, puis s'arrête, les mains tombant le long des cuisses (...), reste une seconde immobile, avant de tomber face contre terre (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1479).

♦ Tomber de (tout) son haut. V. haut2 A. Au fig., vieilli. Tomber de son haut. V. haut2 A.

♦ Tomber de sa hauteur. Mme de Villefort était debout, pâle, les traits contractés, et le regardant avec des yeux d'une fixité effrayante (...) Et elle tomba de sa hauteur sur le tapis (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 684).

♦ Tomber de tout son long, tout de son long. Il avait buté contre une pierre parce qu'il continuait de garder la tête levée, et il avait failli tomber tout de son long, tant le choc avait été fort (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 251).

♦ Vieilli. Tomber pile. ,,Tomber sur le dos`` (France 1907; ds Delvau 1883). V. pile3 ex. de Zola.

c) Mourir en s'abattant brusquement sur le sol, le plus souvent dans un combat. Tomber frappé à mort; tomber au champ d'honneur. Après les maisons, on défendit les jardins et le cimetière où j'avais couché la veille; il y avait alors plus de morts dessus que dessous terre. Ceux qui tombaient ne se plaignaient pas; ceux qui restaient se réunissaient derrière un mur, un tas de décombres, une tombe. Chaque pouce de terrain coûtait la vie à quelqu'un (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 200).

♦ Fam. Tomber comme des mouches. V. mouche I C 1.

− [Suivi d'un compl. de cause introd. par sous] À peine replongé dans quelque rêverie, Il tomba sous le plomb d'une mousqueterie (Borel, Rhaps., 1832, p. 70). Trois de ceux qui portaient le madrier tombèrent sous le tir des fascistes (Malraux, Espoir, 1937, p. 465).

− Tomber + attribut (impliquant une chute et une mort imminente). Plusieurs goûtent et tombent empoisonnés (Jarry, Ubu, 1895, i, 3, p. 39). En partic., loc. Tomber (raide/roide) mort. L'un d'eux seulement faillit me percer de sa lance; mais, l'ayant évitée, je lui déchargeai sur la tête un coup d'épée si violent, qu'il tomba raide mort (Musset, Quenouille Barb., 1840, i, 2, p. 282).

d) P. anal.

α) Tomber + attribut. Faire une chute ou donner l'apparence d'une chute imminente, d'une tendance à s'affaisser à la suite d'une faiblesse, d'une émotion, etc. Tomber inanimé, ivre mort, (raide, roide) mort, pâmé. Tomber évanoui*. Fam. Tomber faible*.

β) [Suivi d'un compl. de cause introd. par de] Être dans un état de faiblesse physique ou sous le coup d'une émotion si violente qu'on a l'impression qu'on va tomber. Tomber de fatigue, d'épuisement, d'inanition. César tremblait comme la feuille. Un jour, donnant le bras à Lamiel (...), il vit sa mère venir de loin (...). Lamiel crut qu'il tomberait de peur, elle exigea qu'il passerait bravement à côté de sa mère (Stendhal, Lamiel, 1842, p. 162). Je tombais de sommeil et dormis dans le wagon (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 66).

− Tomber d'épilepsie; tomber de/du haut mal. Être atteint d'épilepsie. Vous vous souvenez, ce pauvre vieux qui tombait du haut mal et qui est mort sur une route (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 35). Faut donc croire que je l'ai eue, ma crise... C'est assez éprouvant pour les nerfs, mais pas grave. Mon père, lui aussi, tombait d'épilepsie (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1293). P. anal. Je ne veux pas être une sotte grue et tomber du haut mal d'admiration (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 649).

e) [P. réf. à un mouvement rapide, à un élan manifestant des sentiments]

♦ Tomber à genoux. Se mettre à genoux en signe de prière ou d'adoration. C'est fini, je meurs, je suis perdu! Il tombe à genoux. Oh! grand Dieu! au secours! au secours! raffermis ma foi (Flaub., Tentation, 1849, p. 316). Ah! voilà que ça m'écrase! cria le vieillard. Madeleine (...) tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 218).

♦ Tomber aux genoux, aux pieds de qqn. Se jeter aux pieds de quelqu'un pour le supplier, lui témoigner son respect ou son amour. Il y a des moments où mon cœur se contenterait volontiers du témoignage de mes yeux et où je ne pourrais m'empêcher de tomber à vos pieds et de vous dire que je vous aime depuis un an (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 3, p. 120).

♦ Tomber dans les bras de qqn. Se précipiter dans les bras de quelqu'un pour lui manifester son affection ou son amour. Ils n'attendirent pas pour s'embrasser (...), ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre au-dessus du ruisseau, appuyés contre un mur (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 185):

3. Sur le quai, je trouvai M. Duveyrier, un bon jeune homme de vingt-trois ans, avec des yeux bleus et une petite barbiche blonde. Les Touareg tombèrent dans ses bras en descendant du wagon. Il avait vécu deux ans avec eux, sous la tente, au diable vauvert.

Benoit, Atlant., 1919, p. 215.

Au fig. Céder aux sollicitations amoureuses de quelqu'un. Veux-tu que je te dise tout? Madeleine un jour tombera dans tes bras en te demandant grâce; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s'évanouir de lassitude à tes pieds (Fromentin, Dominique, 1863, p. 231). À peine vous parti, à peine votre voile disparue, vous pensez sans doute qu'elle tombera dans mes bras? (Claudel, Soulier, 1944, 1re part., 2e journée, 9, p. 1035).

♦ Tomber la face contre terre (en signe de honte). Le coupable tombe la face contre terre, et avoue son forfait (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 329).

3. CHASSE. [En parlant d'un canard] ,,Descendre du ciel pour se poser sur l'eau`` (Burn. 1970).

4. Loc. fig.

a) [En parlant d'animés]

♦ Fam. N'être pas tombé de la dernière pluie*. Var. anton. être tombé de la dernière pluie. − Regarde! dit-elle impatiemment. − Il m'a dit de ne pas regarder, plaide l'autre. − Raison de plus pour regarder tout de suite... T'es tombé de la dernière pluie... tu vois bien que c'est une embrouille, non... Jean, c'est un type très dangereux... Moins tu le vois, mieux tu te portes (C. Breillat, Police, 1985, p. 161).

♦ Fam. Tomber dans le panneau*; tomber dans la nasse*.

♦ Tomber sur le dos et se casser le nez. V. dos I B 3 d.

♦ Arg. Tomber sur le dos et se faire une bosse au ventre. Se laisser séduire et se retrouver enceinte. (Ds Delvau 1883, France 1907).

♦ [Souvent en mauvaise part] Tomber (toujours) du côté où l'on penche; pencher du côté où l'on va tomber. Se laisser aller vers ses penchants naturels. (Dict. xixe et xxe s.). V. pencher I B 2 a ex. de Colette.

♦ Fam. Tomber sur ses pieds. Se tirer heureusement d'une situation critique; se trouver dans la même situation qu'auparavant. (Dict. xixe s.). Synon. retomber sur ses pattes (v. patte1), sur ses pieds (v. pied 1re Section I B 1 a).

Être tombé sur la tête. V. tête I A 1 a α.

b) [En parlant d'inanimés]

♦ Proverbes. Quand la poire est mûre, il faut qu'elle tombe. Quand les choses en sont arrivées à un certain point, il faut qu'elles éclatent. (Dict. xixe et xxe s.). [En parlant de ceux qui font des suppositions impossibles] Si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes (de) prises (Dict. xixe et xxe s.).

♦ Fam. [En parlant d'un projet] Tomber à l'eau. Ne plus avoir lieu, ne plus avoir d'aboutissement. Anatole Foucher, le dernier artiste, qui (...) ait le talent nécessaire pour continuer cet art exquis [l'enluminure] (...) a alors quitté Solesmes et ce projet est naturellement tombé à l'eau (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 21). Var., vx. Tomber dans l'eau. Je laisserais l'affaire Ruy Blas tomber dans l'eau (Hugo, Corresp., 1867, p. 89).

♦ [En parlant d'une idée] Tomber sous le sens. V. sens1 I A 1.

Rem. Dans le parler pop., vieilli, tomber est parfois empl. avec le verbe avoir : V'là qu'il me r'vient une douleur (...) J'en ai tombé sur les genoux (Maupass., Contes et nouv., t. 2, R. Prudent, 1886, p. 646). Vous tournez le dos: il a tout le torse sorti. Vous vous éloignez: le voilà dehors. Vous revenez: il dit: « C'est pas moi... j'ai tombé... » (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 79).

B. − Tendre vers le bas en restant en équilibre ou suspendu à quelque chose.

1. Pendre.

a) [En parlant de parties du corps comme les cheveux, les bras]

α) [Bras] L'autre [balle] le frappa à la poitrine, déchira son habit, mais rencontrant heureusement la lame de son stylet, s'aplatit dessus et ne lui fit qu'une contusion légère. Le bras gauche d'Orso tomba immobile le long de sa cuisse (Mérimée, Colomba, 1840, p. 136). Il resta (...) quelques secondes droit, raide et silencieux, les pieds légèrement écartés et les bras tombant sans expression le long du corps (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 67).

− Loc. fam. [Pour exprimer un grand étonnement] Les bras m'en tombent; les bras de qqn tombent. La tante Grédel dit: − Les gueux l'ont pris. − Ce n'est pas possible! fit M. Goulden, dont les bras tombèrent (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 54). Les mains m'en tombent. V. main 1re Section I B 1 b β.

β) [Cheveux] Il (...) sortit la main de sa poche, et, plusieurs fois, d'un geste fébrile, redressa la mèche qui lui tombait sur le front (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 134).

♦ Tomber en. Pendre d'une certaine manière. Ses beaux cheveux épars tomberont en grosses boucles sur un cou d'albâtre (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1714). P. anal. Vous ne trouverez là ni légers treillages, où la vigne tombe en guirlande, ni cultures mariées (Michelet, Journal, 1831, p. 102). Les hommes avaient leurs habits du dimanche, les filles leurs plus belles robes avec des fichus de soie de toutes couleurs tombant en pointe dans le dos (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 48).

b) [En parlant de qqc. qui est rattaché ou suspendu à un support précis] Nous entrâmes dans la ville; aucune chaîne ne cria, aucun pont-levis ne tomba, aucune herse ne se leva; nous entrâmes dans la vieille cité féodale (Hugo, Rhin, 1842, p. 291). Ces ruines ne dataient pas de la veille, depuis longtemps le laboratoire devait être ravagé: de grandes toiles d'araignées tombaient du plafond (Zola, M. Férat, 1868, p. 87).

− En partic. [En parlant d'un tissu, d'un vêt., etc.] C'était un grand drapeau de soie rouge, tombant à plis rigides de toute sa longueur contre le mur (Gracq, Syrtes, 1951, p. 33).

♦ Tomber bien. Se présenter, s'adapter au corps de façon harmonieuse, s'adapter à un support. Madame de Meximieu s'assit (...). Elle sourit, et l'on eût dit que c'était à sa robe de crêpe de Chine, toute neuve, qui tombait bien (R. Bazin, Blé, 1907, p. 164).

2. Pencher.

a) [En parlant de parties du corps]

α) [En parlant de la tête] Pencher de façon incontrôlée. Fatigué (...), je pense vaguement à des choses... Puis ma tête tombe tout d'un coup et je me redresse... C'est bête, je m'endormais (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 93). Comme elle se penchait vers sa voisine pour lui dire quelque chose, sa tête lourde de fatigue tomba sur l'épaule de la jeune femme, et elle s'endormit (Green, Journal, 1934, p. 267).

β) [En parlant du nez, du menton] Dessiner une ligne qui s'incline plus ou moins fortement. Ses lèvres étaient très lippues, et son grand menton tombait droit (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 65).

b) [En parlant d'une chose ou d'une partie d'une chose en surplomb qui tend vers le bas (chapeau, toit, ramure, etc.)] Madame Gérard (...) contempla sa fille dans cet état affreux: pâle, son chapeau tombé derrière sa tête (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 330). Tout près de là, un grand sapin sous lequel je me suis tenu quelques minutes. Ses branches noires tombent jusqu'à terre et me cachent complètement (Green, Journal, 1932, p. 104).

c) MAR. [En parlant d'un navire] Pencher, être poussé dans telle ou telle direction, sous telle ou telle influence. Un mât est (...) dit Tomber de l'avant ou sur le nez, de l'arrière ou sur le cul, sur tribord, sur babord (Bonn.-Paris 1859). Tomber au travers. ,,Être placé par le vent et la mer dans une position d'équilibre, parfois très dangereuse, dont on ne peut plus sortir, travers à la lame`` (Merrien 1958). Tomber en arrière. ,,Culer`` (Merrien 1958). Tomber sur l'avant, sur l'arrière. Caler plus d'eau qu'on ne devrait, par l'avant ou l'arrière (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Tomber sous le vent. S'éloigner ,,plus qu'il [le navire] ne devrait ou qu'on suppose qu'il ne pourrait de l'origine du vent (...) en particulier, il tombe sous le vent d'un autre bâtiment, d'une île, d'un cap, d'un point quelconque, lorsque, de plus en plus, il est moins rapproché de l'origine du vent par rapport à ces points ou objets`` (Bonn.-Paris 1859).

3. Tomber dans/sur. Se diriger (vers); aboutir (à).

a) Tomber dans. [En parlant d'un fleuve, d'un cours d'eau d'amont en aval] Se diriger vers, en suivant une pente. Les bords de la rivière Prideaux qui tombe dans l'Ontario (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 201). Notre vue s'étendait sur la Partha, bordée de peupliers. Cette rivière tombe dans l'Elster, à gauche, en formant de grandes lignes bleues (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 142).

− [Dans un cont. métaph.] Dans l'éternité, gouffre où se vide la tombe, L'homme coule sans fin, sombre fleuve qui tombe Dans une sombre mer (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 239).

b) Familier

α) [En parlant d'une voie] Tomber dans. Déboucher dans. La ruelle de ce côté était ouverte, et, au bout de deux cents pas environ, tombait dans une rue dont elle était l'affluent (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 542). Il alluma une cigarette et prit une petite rue qui tombait tout de suite dans la campagne (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 41).

β) [En parlant d'une pers.] Tomber sur. Déboucher à tel ou tel endroit en prenant un itinéraire donné. Le cocher prit mélancoliquement la rue Saint-Antoine et tomba sur les quais (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 381). Je le connaissais moi le chemin!... Si (...) je piquais à droite, j'allais tomber sur le Châtelet, les marchands d'oiseaux (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 679).

C. − P. anal. (avec la rapidité, la brutalité de la chute). Tomber sur qqn; (lui) tomber dessus.

1. [En parlant d'animés] S'abattre, se précipiter sur quelqu'un par surprise. Synon. fondre sur. Soit hasard ou dessein, survint le garde champêtre. Milon, sans dire gare, tombe sur lui, le chasse à coups de pied, de poings et le poursuit dehors (Courier, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p. 179). L'autre (...) vit un démon lui tomber dessus à coups de nerf de bœuf (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 209).

− Loc. pop., fam. Tomber sur qqn à bras raccourcis; tomber sur les reins de qqn. Sauter sur quelqu'un pour l'attaquer, le malmener, l'agresser. Sans parler de la défiance qu'il fallait avoir de nos alliés, qui, d'un moment à l'autre, ne pouvaient manquer de nous tomber sur les reins (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 176). Si Antoine lui cherchait querelle, elle tombait sur lui à bras raccourcis (...). Les voisins étaient habitués aux tapages périodiques qui éclataient dans la chambre des époux. Ils s'assommaient consciencieusement (Zola, Fortune Rougon, 1871, p. 123). P. anal. Dans tous tes livres, tu es constamment tombé à bras raccourcis sur cette queue de siècle (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 29). Tomber sur la bosse de qqn. V. bosse1 I A 1. Tomber sur le casaquin*. Tomber sur le corps de/à qqn (fig., vieilli). V. corps II B 2 d. Tomber sur le dos* de qqn. Tomber sur le paletot* de qqn. Tomber sur le poil* de qqn. Tomber sur le râble de qqn. V. râble2.

− Au fig. Agresser verbalement. Comme sa femme venait d'une voix timide lui demander un renseignement, il tomba sur elle, l'injuria, cria qu'il ferait se repentir un jour le sale monde qui manque de reconnaissance (Zola, Germinal, 1885, p. 1244). Ils me sont tous tombés dessus, les copains, au tabac, ce matin. J'étais nulle (...), incapable de me mobiliser (...), une vraie chiffe molle. Pourquoi? Rapport au cartel des banques bien décidé à nous faire casquer (Le Monde, 3 déc. 1986, p. 36, col. 5-6).

2. [En parlant d'événements désagréables, pénibles] Accabler de son poids, devenir une charge matérielle ou morale pour quelqu'un. Des trombes de réquisitoires tombent sur la presse (Chênedollé, Journal, 1833, p. 162). Ce serait bien malheureux si quelque peine nous tombait dessus (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 178).

− [En parlant du ciel] Tomber sur la tête (de qqn). Il ne s'agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres (...), mais de celle beaucoup plus terrible et nécessaire que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 95).

− Loc. Tomber sur le coin de l'œil. V. coin2 I B.

D. − [Constr. partic. de tomber avec les semi-auxil. faire et laisser]

1. Faire tomber

a) Qqn fait tomber qqn. Provoquer la chute de quelqu'un en le bousculant, involontairement ou non. Je pressai maman contre moi. − Qu'est-ce qui te prend, ma petite Geneviève? Mais tu vas me faire tomber! (Gide, Geneviève, 1936, p. 1372).

− En partic.

♦ Faire tomber des têtes. Infliger la guillotine à quelqu'un; p. ext., faire tuer des gens. Faire tomber la tête du coupable; faire tomber trois têtes d'otages. Le Sultan, qui peut à son gré faire tomber des têtes, est obligé de savoir ce qui plaît ou déplaît à ses janissaires et à ses bourreaux (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 221). Jean Prouvaire (...) blâmait la Révolution d'avoir fait tomber une tête royale, celle d'André Chénier (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 777).

♦ Faire tomber son enfant. ,,Se faire avorter`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).

− Au fig. Provoquer chez quelqu'un une perte de pouvoir ou une dégradation d'ordre moral ou psychologique ou l'entraîner dans quelque chose de néfaste. (Dict. xixe et xxe s.).

♦ Arg. ,,Faire arrêter, condamner`` (Le Breton 1960).

b) Qqn fait tomber qqc.

α) Provoquer la chute d'un objet. Une querelle affreuse (...) éclata entre Rose et une poissonnière, à propos d'une bourriche de harengs que celle-ci avait fait tomber d'un coup de coude (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 750).

− En partic. Ôter un vêtement. Elle fit hâtivement tomber tout ce qu'elle avait sur elle, et courut dans le cabinet de toilette faire couler un bain (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 114).

β) Au fig. Faire en sorte que quelque chose arrive (à la suite d'une décision). Il résolut de faire tomber la conversation sur un point qui pouvait en attendant amener toujours l'éclaircissement de certains doutes (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 492).

− Loc. Faire tomber les armes des mains. Fléchir quelqu'un, l'apaiser. (Dict. xixe s.). Faire tomber la plume des mains. Décourager quelqu'un, le dégoûter d'écrire ou l'arrêter d'étonnement (Dict. xixe s.).

γ) Spécialement

− ART CULIN. Faire tomber au beurre. Réduire le volume de légumes aqueux en les faisant cuire à feux doux avec ou sans matière grasse, et sans coloration (d'apr. Courtine Gastr. 1984). Faire tomber à glace. Réduire un liquide de cuisson, fonds, jus, déglaçage, jusqu'à consistance sirupeuse (d'apr. Courtine Gastr. 1984).Quand votre poitrine sera aux trois-quarts cuite, vous retirerez vos légumes et vous ferez tomber à glace votre mouillement (Viard, Cuisin. impérial, 1814, p. 117).

− JEUX. Faire tomber une carte. Jouer de manière à obliger le joueur qui possède cette carte à la mettre sur le tapis. (Dict. xixe et xxe s.).

c) Qqc. fait tomber qqn (dans qqc./en). Entraîner quelqu'un dans un état différent. Le genre de sa blessure l'aura fait tomber en enfance (Balzac, Chabert, 1832, p. 143). Ce mot les Vosges fit tomber la baronne dans une rêverie profonde. Elle revit son village (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 411).

d) Locutions

♦ Faire tomber la pluie*.

♦ Faire tomber le masque. Montrer la vérité de quelque chose. L'action du théâtre comme celle de la peste, est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartuferie (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 39).

2. Laisser tomber

a) Qqn laisse tomber qqc.

α) Laisser échapper quelque chose, volontairement ou par inadvertance. Il laissa tomber une assiette qui se brisa (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 287). Le son de sa propre voix l'ayant tirée de sa torpeur, Laure Malaussène laissa tomber le livre qu'elle avait feint de lire, et parcourut des yeux la classe (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 71).

− Loc. fig. Laisser tomber la neige. Laisser aller les choses. C'est un truc [le bonheur] qu'on peut à la rigueur souhaiter à quelqu'un d'autre mais le désirer pour soi-même. Capturer l'instant. Juste quand il passe. Et puis laisser tomber la neige (E. Hanska, J'arrête pas de t'aimer, 1981, p. 140).

− MAR. Laisser tomber les voiles. ,,Les larguer pour qu'elles se développent et qu'on puisse les établir`` (Bonn.-Paris 1859). Laisser tomber une ancre. ,,La larguer du bord pour la mouiller`` (Bonn.-Paris 1859).

− En partic. Laisser tomber une larme. Tenez, père, voici mille francs qu'elle a voulu me donner sur notre gain. Gardez-les-lui, dans le gilet. Goriot regarda Eugène, lui tendit la main pour prendre la sienne, sur laquelle il laissa tomber une larme (Balzac, Goriot, 1835, p. 170).

− P. ext. [Sans qu'il y ait notion de chute] Abandonner, laisser de côté quelque chose que l'on tient à la main et qui vous occupe. J'avais mille fois laissé tomber ma plume ou mon livre pour demander des consolations à son image [un portrait de femme], comme un dévot à son saint patron (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 394).

β) [En parlant de notions abstr., d'idées qu'on abandonne] La veine! La voilà! C'est la veine!... Voici! Tu m'entends, dix ans, dix années!... que je trinque presque sans arrêt!... Ça suffit!... J'ai la main!... Je la laisse plus tomber! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 465):

4. ... Vigny, bien plus encore que Lamartine, laisse tomber de sa poésie toute cette continuité, cette urbanité du langage correct, usuel, sans génie, qu'elle tient du siècle précédent. Il les laisse tomber sans pouvoir les remplacer par autre chose que des idées poétiques plus hautes, des fulgurations poétiques plus intenses, mais plus irrégulières.

Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 31.

γ) Prononcer des paroles avec diverses nuances. Et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots: « Ô temps! suspends ton vol; et vous heures propices! Suspendez votre cours (...) » (Lamart., Médit., 1820, p. 136). [Avec une nuance restrictive de retenue] Elle continua ainsi, élevant le ton, laissant tomber un à un les versets, lentement, comme des pleurs étouffés (Zola, M. Férat, 1868, p. 130). [Avec une nuance de sécheresse] Mon grand-père, du haut de sa gloire, laissa tomber un verdict qui me frappa au cœur (Sartre, Mots, 1964, p. 73).

δ) Laisser pendre ou s'incliner une partie du corps. Elle laisse tomber sa tête sur ce sein qui ne palpite plus et semble partager sa mort (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 335). Elle laissa tomber ses bras dans un geste de lassitude infinie (Tharaud, Dingley, 1906, p. 17).

ε) En partic. Laisser tomber ses regards sur qqn ou sur qqc. Regarder quelqu'un ou quelque chose d'une certaine manière, avec tel ou tel sentiment particulier. Laissez tomber vos regards sur le plus indigne de vos serviteurs (Musset, Caprices Mar., 1834, i, 1, p. 133). À l'heure de midi, elle voyagera par les routes poudreuses, laissant tomber ses regards sur la verdure des arbres, des prés!... Que ne suis-je dans ces prés (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 111).

ζ) Laisser quelque chose baisser, s'arrêter ou disparaître complètement. Laisser tomber le feu. Ne serait-il pas préférable de laisser d'abord tomber le tumulte? (Billy, Introïbo, 1939, p. 125).

− En partic. Laisser tomber sa voix. En baisser volontairement l'intensité, par nonchalance, affectation. Laissant tomber sa voix sur les dernières syllabes (Bernanos, Crime, 1935, p. 817). Laisser tomber la conversation. Ne pas la relancer. Ils (...) causaient de mille riens, ayant grand soin de ne pas laisser tomber la conversation (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 148).

b) Fam. Qqn laisse tomber qqn. Abandonner quelqu'un dans telle ou telle situation. Je ne peux pas laisser tomber un camarade traqué par les flics (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 101). Dans le domaine affectif et amoureux. On ne laisse pas tomber une belle fille comme vous (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 85).

− [Avec compar.] Laisser tomber qqn comme une vieille chaussette*. Elle (...) se dirigea vers la porte. − Dis à papa qu'il nous laisse tomber comme une vieille chaussette. − Alix, protesta Laure, comme si cet argot l'offusquait (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 450).

c) Absol. [P. ell. pour laisser tomber un problème, une préoccupation, une affaire, qqc. en cours] Laisser tomber. Ne plus prêter attention ni intérêt à une situation donnée, ne plus s'en occuper. Cette vieille noix de Norbert n'a probablement pas su te dire ce qu'il fallait te dire (...) Alors, faut laisser tomber! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 187). Le contrat d'assurance-vie comportait cinq feuillets et je laissai tomber à la deuxième page. Côté lectures, mes goûts me portent plutôt vers le XIXe siècle (M. Villard, Ballon mort, Paris, Gallimard, 1984, p. 24).

d) Se laisser tomber sur/vers. Cesser de se retenir, se laisser aller, pour faire quelque chose de précis ou à la suite d'un événement. Sa physionomie devint si terrible que Timopht épouvanté se laissa tomber le nez sur les dalles, comme tombe un homme mort (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 282). Il grimpa dans le lit, noua un bout de sa corde autour de la corniche, l'autre à son cou et (...) il se laissa tomber vers le plancher (Queffélec, Recteur, 1944, p. 201).

− En partic. Se laisser tomber dans/sur qqc. Ne plus avoir la force de se tenir debout; s'asseoir ou s'allonger en abandonnant tout effort physique, par excès de fatigue ou d'abattement moral. Colomba se laissa tomber sur une chaise (...), et on l'entendit sangloter (Mérimée, Colomba, 1840, p. 98). Il (...) s'était laissé tomber tout habillé sur le lit, où il s'était tout de suite profondément endormi (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 105).

II. − [Le plus souvent avec une idée de déclin ou de décadence, et qqf. de rapidité] Changer d'aspect, d'état ou de situation; déchoir de quelque chose (force, intensité, réputation, crédit, succès, etc.).

A. − Empl. abs. Diminuer considérablement, voire disparaître complètement.

1. [En parlant de manifestations phys.] Baisser en intensité, s'apaiser, se calmer, cesser.

a) [En parlant de manifestations atmosphériques liées à l'air, au vent] La brise tombait tout à coup comme l'haleine épuisée d'une poitrine qui souffre (Sand, Lélia, 1833, p. 44). Le matin vint mouillé et le vent tomba un peu. De grosses vapeurs fuyaient, sur la place, teintes de rose, traînant une odeur de suie (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 10).

b) [En parlant de manifestations hum. liées à la maladie ou à l'émotion] Ses soins me sauvèrent. À la suite d'une dernière crise, la fièvre tomba: j'étais hors de danger (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 42):

5. ... Marthe ne quittait guère son amie, se sentant gagnée par l'émotion et la fièvre des derniers préparatifs [de la noce] (...) Elles travaillaient (...), envahies soudain de joies enfantines (...). Leur énervement, loin de tomber, ne faisait que croître de jour en jour, par une sorte de contagion qui les gagnait.

Moselly, Terres lorr., 1907, p. 186.

2. [En rapport avec l'idée de force, d'autorité]

a) α) [En parlant d'hommes, d'organismes, de groupes] Perdre un pouvoir politique, financier, etc. Le Parlement peut être dissous, les ministères tomber (Morand, Londres, 1933, p. 223).

β) Perdre sa liberté; être arrêté. Tomber pour braquage, pour meurtre. Il y a un type immense dans la cellule 391, il se présente: « On m'appelle le grand Duduche, (...) pourquoi qu't'es là? » J'explique pour la moto, il trouve pas grandiose de tomber pour une meule (D. Belloc, Néons, Paris, Lieu Commun, 1987, p. 42).

b) [En parlant de concepts supposant une idée d'effort ou d'opposition] S'effacer, disparaître. Quand l'image en se reportant dans le passé, vient à se rallier aux souvenirs ou se précipiter vers l'avenir, toutes les résolutions tombent (Chênedollé, Journal, 1815, p. 79). Un courage nouveau, invincible, l'emplit, les obstacles tombent et il réussit ( Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 151).

3. [En parlant de manifestations culturelles ou artist. et plus partic. littér. ou théâtrales] Ne plus avoir de succès; échouer. Les mauvais ouvrages tombent presque toujours d'eux-mêmes et les ouvrages médiocres sont bientôt réduits à leur juste valeur (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 271). La pièce de l'académicien Ponsard est tombée honteusement, tombée comme on tombait autrefois, à plat, classiquement. C'est une élégance de plus (Flaub., Corresp., 1860, pp. 386-387).

4. [En parlant de notions quantifiables (pourcentage, etc.)] Diminuer, baisser (jusqu'à tel ou tel chiffre). Tomber à rien, à zéro. Des souris (...) étaient atteintes de pneumonie dans la proportion de 52 pour 100. Un groupe considérable de ces animaux reçut une alimentation plus variée. La mortalité par pneumonie tomba à 32 pour 100 (Carrel, L'Homme, 1935, p. 248).

B. − Se retrouver dans tel ou tel état physique ou moral, sous tel ou tel aspect.

1. Tomber + attribut. [En parlant de pers.]

a) Tomber d'accord. ,,Convenir que`` (Ac. 1878).

b) Tomber enceinte (pop.). Nous savions toutes les deux [ma mère et moi] à quoi nous en tenir: elle sur mon désir de plaire aux garçons, moi, sur sa hantise qu'il « m'arrive un malheur », c'est-à-dire coucher avec n'importe qui et tomber enceinte (A. Ernaux, Une Femme, 1987, p. 61).

c) Tomber amoureux*. Région. (Québec). Tomber en amour. J'avais eu le malheur de te rencontrer (...) puis de tomber en amour avec toi (M. Tremblay, Trois petits tours, 1971, p. 37 ds Richesses Québec 1982, p. 2310).

d) Passer brusquement d'un état physique normal à un état déficient (sans qu'intervienne une notion de chute ou d'affaissement). Tomber paralysé. Région. Tomber fou. Il y avait de quoi tomber fou. Il l'avait prise par les poignets comme il lui arrivait naguère, l'avait secouée rudement, malgré lui (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 295). Pop. Tomber pâle. S'évanouir. Les autres dix enflures avant moi, je commençais à les comprendre. Ils avaient dû tomber pâles... Des articles comme ça d'épouvante y en avait plus dans le commerce (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 194).

♦ Tomber malade*. Au fig., arg. des voleurs. ,,Être arrêté`` (Michel 1856, Larch. 1880, Delvau 1883).

2. Tomber en + subst.

a) [En parlant d'animés]

α) [Le subst. définit l'état, la position dans laquelle on se retrouve, avec une idée de fixité] Tomber en extase*. Tomber en garde. V. garde1 I )A 1 b.

− VÉN. Tomber en arrêt. [En parlant d'un chien] Se figer brusquement dans une certaine position. Quand on est forcé de porter son chien à la chasse, disait le vieux garde Froelig, cela va mal; les vrais chiens de chasse y vont tout seuls, (...) ils ne tombent jamais en arrêt devant une motte de terre comme devant un lièvre (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 57).

♦ P. anal. [En parlant de pers.] V. arrêt I A 1 a au fig. Tomber en défaut. [En parlant d'un chien] Perdre la piste du gibier. (Dict. xixe et xxe s.).

β) [Le subst. définit l'état physique ou psychique dans lequel se retrouve la pers.] Tomber en épilepsie, en faiblesse, en langueur, en neurasthénie, en pâmoison. Au coup de pistolet le vieillard tombe en défaillance (La Marteliere, Robert, 1793, v, 4, p. 63). Madame, quand parut son noble misanthrope Eut tout juste le temps de tomber en syncope, Comme une Sémélé devant son Jupiter. Le raide commandeur demanda de l'éther (Banville, Cariat., 1842, p. 58).

b) [En parlant d'inanimés concr.; le subst. définit l'aspect sous lequel se retrouve la chose, avec une idée d'affaissement, d'écroulement ou de désagrégation] Tomber en poussière*. Tomber en déliquescence*. Tomber en loques. V. loque1. Tomber en ruine*.

c) Au fig. [Dans des expr.] Tomber en quenouille*.

− Spécialement

♦ DR. Tomber en faillite. Se retrouver dans la situation de ne plus pouvoir payer ses créanciers. L'acheteur est tombé en faillite ou en état de déconfiture, en sorte que le vendeur se trouve en danger imminent de perdre le prix (Code civil, 1804, art. 1613, p. 297). Le sculpteur Mahoudeau avait loué, à quelques pas du boulevard, la boutique d'une fruitière tombée en faillite (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 67). Tomber en déconfiture*. Tomber en désuétude*.

♦ INFORMAT. Tomber en halte. Dans un ordinateur, explique-t-elle [une « spécialiste système »], il y a une mémoire centrale. C'est le programme qui dicte à la machine les opérations à accomplir. Si le programme « tombe en halte » (s'arrête), l'utilisateur du terminal ne peut plus rien saisir au clavier. Celui-ci se bloque automatiquement (Cosmopolitan, mars 1985, p. 178, col. 2).

3. Tomber dans + subst. (définissant l'état physique, matériel ou moral dans lequel se retrouve une pers.). Elle tombait dans une de ces songeries qui vous emmènent loin de tout (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 104). Nous ne tomberons pas dans des rêves d'avenir (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 237).

♦ [Avec une connotation nég.] Tomber dans l'indigence, le désespoir, la débine (pop.), la disgrâce, le discrédit, un écueil. Elle, si rieuse et si vive, tombait parfois dans des accès de taciturnité profonde, et rien ne pouvait la tirer de cet abattement (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 443). Le malade imaginaire se découvre toujours quelque petit mal (...). Mais nous avons des malheureux imaginaires, qui réussissent encore bien mieux à tomber dans la mélancolie (Alain, Propos, 1913, p. 149). Arg., vx. Tomber dans le malheur. ,,Venir au bagne`` (Delvau Suppl. 1883).

− Locutions

♦ Pop., fam. Tomber dans les pommes. V. pomme A 2.

♦ Tomber dans le troisième dessous (fam.). ,,Tomber dans une misère extrême`` (France 1907).

Rem. Rob. note le sens « échouer entièrement dans un rôle » ainsi que Lar. encyclop. qui en fait le sens premier et « tomber dans la misère » le sens p. ext., en donnant aussi la var. usuelle tomber dans le trente-sixième dessous.

♦ Tomber dans le sens, dans le sentiment de qqn. Être du même avis que quelqu'un, se rendre à son avis. (Dict. xixe s.).

4. Tomber de... en, de... dans. Passer d'un état à un autre et, plus partic., d'une situation négative à une autre souvent pire. Tomber d'horreur en horreur, d'un excès dans l'autre, d'un préjugé dans un autre, de la réalité dans le néant. Un enchaînement de forces mystérieuses s'empare de vous. Vous vous débattez en vain. Plus de secours humain possible. Vous allez tomber d'engrenage en engrenage, d'angoisse en angoisse, de torture en torture (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 846). Les conservateurs ne se trompent point lorsqu'ils voient (...) dans le particularisme corporatif des moyens propres à éviter la révolution marxiste; mais d'un danger ils tombent dans un autre et ils s'exposent à être dévorés par le socialisme parlementaire (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 116).

− Expr. Tomber de Charybde en Scylla. [P. allus. aux deux dangers marins voisins: les navires n'échappaient au gouffre Charybde que pour retomber sur l'écueil Scylla] En voulant éviter un mal, se retrouver dans un autre; quitter une situation défavorable pour se retrouver dans une situation aussi, sinon plus catastrophique. On sommait le gouvernement de prévenir l'Allemagne au lieu de se laisser prévenir par elle, et, sans se soucier le moins du monde de savoir (...) si l'essai ne ferait pas tomber (...) de Charybde en Scylla (...), on pressait M. Jules Cambon et M. Joseph Caillaux d'arrêter des plans à l'avance (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. liv). Tomber de mal en pis. (Dict. xixe et xxe s.). Tomber de fièvre en chaud mal. Tomber d'un état fâcheux dans un état pire encore (Dict. xixe et xxe s.). Tomber de la poêle en la braise (arg., pop.). ,,N'éviter un petit ennui que pour tomber dans un plus grand; n'avoir pas de chance`` (Delvau 1883).

5. Se retrouver sous l'influence, la domination ou le pouvoir de quelqu'un ou de quelque chose.

a) [En parlant de pers.]

♦ Tomber aux/entre les mains de qqn (en la possession de quelqu'un), tomber aux mains de qqn (au pouvoir de quelqu'un), tomber en bonnes mains, en mains sûres (sous la responsabilité de quelqu'un). V. main 1re Section I D 2, 3 et 4.

♦ Tomber entre les pattes de qqn. V. patte1 B.

♦ Tomber sous le coup (de la loi). S'exposer à la sanction (de la loi). Pellieux, (...) Boisdeffre, (...) Billot, ayant porté le plus grave préjudice à la France par des révélations de pièces secrètes, d'ailleurs fausses, tombent directement sous le coup de la loi (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 194). Je nie tomber sous le coup de l'article 330 qui prévoit et punit le délit d'outrage public à la pudeur (Courteline, Article 330, 1900, p. 265). P. ext. Tomber sous le coup de qqn/de qqc. S'exposer à la menace de quelqu'un, de quelque chose qui détient un pouvoir:

6. ... si le capitalisme s'organisait, s'il parvenait par de vastes trusts à régler la production, il ne pourrait la régler qu'à son profit; il abuserait de cette puissance d'unité pour imposer à la communauté des acheteurs des prix d'usure; et les travailleurs n'échapperaient aux conséquences du désordre économique que pour tomber sous le coup du monopole.

Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 129.

b) [En parlant d'inanimés concr.]

− [En parlant de biens] Tomber dans les mains de. Arriver dans les mains de quelqu'un (qui a le pouvoir, l'argent). Dîner chez la princesse. On parlait de la désolation, au temps jadis, du bonhomme Sauvageot, se lamentant et se désolant sur l'avenir de tous ses trésors, ramassés avec tant de goût et destinés à tomber dans les stupides mains d'un Rothschild ou d'un Seillière (Goncourt, Journal, 1865, p. 123).

− [En parlant d'une ville] Se retrouver sous la domination de quelqu'un qui la conquiert. Constantinople tombe sous le joug des Turcs (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 532). Caen, Argentan, Falaise, Alençon, Bayeux, tombèrent au pouvoir des Anglais (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 140).

c) [En parlant de pers. ou de concepts] Tomber sous la coupe de qqn/qqc. Se retrouver sous la dépendance, la domination ou l'influence de quelqu'un/quelque chose. La reconstruction, c'est très joli: mais pas par n'importe quel moyen. Ils acceptent l'aide américaine; un de ces jours, ils s'en mordront les doigts: de fil en aiguille la France va tomber sous la coupe de l'Amérique (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 111).

III. − [Souvent avec une idée de hasard] Arriver, survenir, se présenter, se retrouver quelque part.

A. − [En parlant de pers.]

1. Tomber dans

a) Arriver, se retrouver inopinément quelque part. Nous tombons dans cette forêt, où chaque arbre semble un modèle entouré d'un cercle de boîtes à couleurs (Goncourt, Journal, 1852, p. 78).

b) MAR. Tomber dans une armée, une flotte, un convoi. ,,S'en trouver inopinément auprès, pendant la nuit ou par temps de brume`` (Bonn.-Paris 1859).

2. Tomber sur. Se trouver subitement en contact avec quelqu'un ou quelque chose. Synon. rencontrer.

a) [Avec qqn] Elle risque de tomber sur un brave homme sincère et naïf et de lui faire énormément de peine (Guitry, Veilleur, 1911, ii, p. 10). « Je vais descendre à la station du Zoo », se dit-il. « C'est dans l'ouest que je risque le moins de tomber sur d'anciennes relations » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 416).

b) [Avec qqc.] [Concernant un lieu] On circule indéfiniment à travers un réseau d'étroites ruelles pour tomber, de loin en loin, sur des petites places solitaires où l'herbe croît en toute saison (Barrès, Greco, 1911, p. 79). [Concernant un document écrit] Il prit ce prétendu livre arabe, espèce de roman fait par un médecin du siècle précédent, et tomba sur une page où il s'agissait de parfums (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 44). Je lisais, l'autre jour, un journal visigoth, (...) Quand mes yeux tout à coup tombèrent, par hasard, Sur trois ou quatre lignes (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 222).

c) Loc. pop., fam. Tomber sur un bec* de gaz et, p. ell., usuel, tomber sur un bec. Rencontrer une difficulté imprévue. Moi je te dis qu'on est foutus! (...) si on veut reprendre l'offensive, on tombera sur un bec! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 737). Tomber sur un manche. V. manche1 A 2. Tomber sur un os. V. os1 D 3.

3. Arg., vieilli

a) Tomber en figure. ,,Se trouver face à face avec un individu qu'on cherche à éviter, ennemi ou créancier`` (Delvau 1883). Tomber en frime. ,,Se rencontrer face à face`` (France 1907).

b) Arg. de théâtre. ,,Entrer en scène`` (France 1907).

B. − [En parlant d'inanimés]

1. Se présenter subitement en grand nombre. Je me décide à rendre une nouvelle visite au « vieux professeur». (...) C'est l'époque des examens, des copies, des mémoires qui tombent de tous les côtés (R. Jean, La Lectrice, 1989 [1986], p. 34).

2. [En parlant d'un événement, d'une fête] Coïncider avec telle date ou tel moment. Je voulais faire un cadeau magnifique à Catherine pour le jour de sa fête, qui tombait le 18 décembre (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 10). Des hommes en maillot rayé installaient un manège et des balançoires pour la fête de Sérianne qui tombait le jour des élections (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 133).

3. Tomber sur

a) [Le compl. désigne une pers.] Atteindre quelqu'un par hasard (en bonne comme en mauvaise part). Et sur qui, je vous prie, doit tomber le choix? Il est, dit-on, arrêté d'avance; Mirabeau l'aîné doit remplacer Necker (Marat, Pamphlets, Infernal projet des ennemis de la Révol., 1790, p. 198). Imagine (...) tout cet argent qui est là devant toi, et que t'as vraiment pas envie de perdre, tout ce que tu ferais pour que la bonne carte t'arrive... Et tu attends, et tu sais que tu risques de tout paumer, alors tu pries pour que la chance tombe sur toi (C. Breillat, Police, 1985, p. 142).

b) [En parlant d'une conversation; le compl. désigne une pers. ou une chose] Arriver sur tel ou tel sujet. Le gros homme s'était trouvé à une des réceptions de sa belle-sœur, où la conversation tomba sur le cœur et l'esprit, la jeunesse et la vieillesse (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 36). Laissez trois hommes ensemble après le dîner, vous pouvez être sûr que la conversation tombera sur les femmes, et que ce sera le plus vieux qui commencera (Dumas fils, Ami femmes, 1864, ii, 1, p. 93).

c) Arg. Tomber sur un coup de poing. ,,Recevoir un coup de poing sur le visage et mettre les avaries qui en résultent sur le compte d'une chute`` (Delvau 1883).

4. [Dans des expr.] Être mis par hasard à la disposition de quelqu'un.

♦ Tomber sous les yeux de qqn. Le nom de la Fée aux Miettes, qui se retrouvait, je ne sais pourquoi, dans tous mes certificats, ne tombait jamais sous les yeux de personne sans m'attirer des marques particulières de bienveillance (Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 98).

♦ Tomber sous/entre les mains de qqn. Les enfants ont un goût tout particulier pour découper les gravures qui tombent entre leurs mains (M. de Guérin, Journal, 1833, p. 146). Parmi les penseurs qui me tombèrent alors sous la main, il en est un, monsieur, dont l'impression sur moi fut bien vive. On le nomme M. Pierre Biret (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 137).

♦ Expr. fig. Qqc. tombe dans l'esprit. Arriver tout à coup à l'esprit. (Dict. xixe s.).

5. [Qqf. avec une nuance laud.] Arriver par hasard, comme venant du ciel. Être amoureux, être fou (...), j'ai toutes ces joies! Cet être mystérieux Qu'on appelle une grisette M'est tombé du haut des cieux (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 42). Tant d'extravagances (...) formèrent à cette époque, le tissu de toutes ses journées; et il parut lui tomber de la lune, les idées les plus bigarrées (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 264).

♦ Tomber aux pieds de. Arriver en bonne part. Un jour, c'est la chance qui tombe aux pieds de Béatrice: des photos pour un journal, le rôle principal de 37,2 (P. Besson, Salade russe, 1987, p. 54).

− Loc. fig. Tomber du ciel*. Tomber des nues. V. nue B 2 b.

− Loc. Les alouettes ne leur tomberont pas toutes rôties dans le bec*. Var. Si vous devez toujours circuler dans Paris le nez en l'air, avec l'espoir que les perdreaux tomberont tout rôtis, n, i, ni, c'est fini (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 23). La grande salle s'emplit (...) de ces fils à papa besogneux qui attendent du ciel parisien que les situations leur tombent toutes rôties dans la bouche (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 59).

C. − [En parlant de pers. ou d'inanimés] Arriver de telle ou telle façon, de manière favorable ou non.

♦ Tomber pile. Arriver bien, à bon escient. V. pile3 ex. de Giono. Tomber à pic. V. pic3 II A 2.

♦ Tomber à merveille, à point, à point nommé. Arriver quand il faut. − Je voudrais savoir le nombre des condamnés, leurs noms et le genre de leur supplice. − Cela tombe à merveille (...)! On vient justement de m'apporter (...) les noms des condamnés, la cause de leur condamnation et le mode de leur supplice (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 487). J'étais tombé à point pour distraire notre patron pendant les repas (Céline, Voyage, 1932, p. 512). Quand parut l'Étranger d'Albert Camus, on put croire à bon droit qu'il comblerait tous les espoirs: comme toute œuvre de réelle valeur, il tombait à point nommé; il répondait à notre attente; il cristallisait les velléités en suspens (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 15).

♦ Tomber à plat. V. plat1 II B 1 c β au fig. et supra ex. 7.

♦ Tomber bien, bien tomber; tomber mal, mal tomber. Il avait alors trente-cinq ans, il n'avait pas pris femme encore, par prudence et circonspection et crainte aussi de mal tomber (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 19). Ça tombait pas mal cette période d'inactivité, puisque j'avais plus de fringues du tout... et qu'il fallait bien qu'on me resape avant que je reprenne mes démarches (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 339).

♦ Tomber juste. Ce qui n'est pas généreux, c'est de rejeter mon amour, après m'avoir laissé croire que vous m'aimiez. Si peu délicat que fût ce reproche, il tombait juste et ne laissait pas d'embarrasser la jeune femme (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 117). − (...) Faut dire que c'est une drôle de coïncidence. − Alors je suis tombée juste? demanda Léonie. − Vous avez mis dans le mille, répondit Mouilleminche. Moi, je m'appelle Robert, et mon frangin c'était bien le chanteur (Queneau, Pierrot, 1942, p. 40).

♦ Tomber à faux. Arriver d'une manière maladroite, anormale. Quand bien même mon avis tomberait à faux (Becque, Corbeaux, 1882, ii, 1, p. 103).

♦ Tomber à échéance. Arriver à terme. Le facteur ne monte plus. Sauf, parfois, à la fin du mois, quand les billets qu'on a souscrits chez le notaire tombent à échéance (Giono, Colline, 1929, p. 16).

♦ Tomber en plein dans qqc. Se retrouver au beau milieu de quelque chose. Tomber en plein dans une conversation. Ils tombaient en pleine manifestation: une colonne de jeunes patriotes, brandissant des drapeaux et gueulant la Marseillaise, dévalait du boulevard Poissonnière (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 554).

− IMPR. Tomber mal. Avoir un registre et un repérage défectueux à l'impression, la mise en page présentant divers défauts tels que: titre en base de page, ligne creuse en début de page, etc. (Dict. xxe s.). Tomber en registre; tomber ligne sur ligne. Faire se superposer exactement, ligne à ligne, les pages recto et verso. (Ds Frey Typogr. 1857; dict. xxe s.). Tomber sur corps. ,,C'est dans un tableau, prendre sa justification de manière que les colonnes tombent toutes sur 12 ou des fractions de 12, divisibles par 8, 6, 4 ou 2. Quant au tableau lui-même, il doit toujours tomber sur 6 ou sur 12 et jamais sur des fractions, sauf dans des cas tout à fait exceptionnels, où l'on est obligé de tricher`` (Des.-Muller Impr. 1912).

2e Section. Empl. trans.

I. − Tomber qqn

A. − SPORTS (lutte). Vaincre un adversaire en lui faisant toucher le sol avec les deux épaules pendant un temps déterminé. Le roi des arènes avait devant lui le premier du genre, un farceur pétri de ruses, aussi robuste qu'agile, et que sa gibbosité prodigieuse rendait presque insaisissable. Il fallait cependant le prendre et le tomber réglementairement, ou s'exposer aux moqueries lancinantes de la foule, qui grommelait encore sur les gradins (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 226). [Autres sports] Battre l'adversaire. L. (confirme) sa grande valeur en « tombant » B [au tennis] (Encyclop. des Sports, 1924 ds Petiot 1982).

♦ Arg. Tomber un mec. Le battre, le mettre à terre. (Ds Sandry-Carr. Lutte 1963).

B. − Pop. Séduire. Voilà-t-il pas que je tombe une rombière de la haute (Queneau, Zazie, 1959, p. 212). Lorsqu'il s'agissait de tomber les filles, l'écrivain arrivait en bonne position (...) après (...) les acteurs de cinéma (Ph. Djian, Maudit manège, 1988 [1986], p. 146).

♦ Tomber les cœurs. Je pourrais t'en dire, des choses, mais cela ne changerait rien à ta nostalgie de ne pas être d'emblée le personnage-vedette, un riche, un qui tombe tous les cœurs, un qui fait rêver (O. Alberti, La Dévorade, 1985, p. 183).

− Empl. abs. Je tombais déjà comme un malade. C'était une période de polygamie frénétique (L'Est Républicain, Magazine dimanche, 9 avr. 1989, p. 13, col. 2).

II. − Vx. Tomber qqc.

A. − Provoquer la chute de quelque chose. Il lui revenait peu à peu cette finesse de sens qui percevait les plus légers émois de sa ferme; ce qui lui faisait dire en entrant du labour: «Vous avez tombé les seaux dans le puits», parce qu'il ne voyait pas pendu au clou habituel le crochet qui servait à les retirer (Giono, Naissance de l'Odyssée, 1938, p. 162).

B. − En partic. Tomber un vêtement. Oter un vêtement. [Pour montrer qu'on va se mettre à faire un travail ou lorsqu'il fait chaud] Tomber la veste. Salarnier tomba la veste et aida son adjoint à ramasser les feuillets épars (T. Jonquet, Le Manoir des immortelles, 1986, p. 59).

C. − Au fig. Tomber le masque. Ôter ce qui cache le vrai visage, les vraies pensées; se montrer sous son vrai jour. (Dict. xxe s.).

Le Petit Robert

I V. intr.

A Être entraîné à terre en perdant son équilibre ou son assiette.  

1 (Êtres vivants) « Elle se cramponnait pour ne pas tomber » (Bloy). Trébucher, vaciller avant de tomber. Tomber par terre, à terre.  choir, fam. chuter; chute (cf. Se casser* la figure, la gueule, se fiche* par terre, prendre un billet de parterre*, ramasser* une bûche, un gadin, une gamelle, une pelle). Tomber de tout son long*, à la renverse, les quatre fers* en l'air, la tête la première*. Faire tomber qqn.   renverser. « Elle se laissa tomber en arrière » (Maurois). Tomber dans les pommes. Tomber mort, raide mort. — Par exagér. Tomber de fatigue, de sommeil. Fig. Tomber de son haut (éprouver de graves désillusions, de graves revers).  

 Se laisser aller, choir (sans aller à terre). Tomber sur un divan, un fauteuil. « D'elle-même, elle s'était laissée tomber sur la paille  comme brisée de fatigue » (Zola). — Tomber dans les bras de qqn.  

 Spécialt Tomber mort, mortellement blessé.  mourir, succomber. Ils sont tombés au champ d'honneur. L'aide de camp « venait de tomber à côté de lui » (Hugo). Tomber comme des mouches.  

 (Abstrait) vieilli Avoir une défaillance d'ordre moral.  pécher.  « Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe ! » (Hugo).  

 Arg. Être arrêté. Il est tombé pour proxénétisme.  

2 (Choses) Crouler.  s'affaisser, s'écrouler. « À la septième fois, les murailles tombèrent » (Hugo). — TOMBER EN : tomber en se réduisant à l'état de... Tomber en ruine, en poussière.  

3 Fig. (Personnes)  Cesser de régner, être déchu, renversé. « Un ministère qu'on soutient est un ministère qui tombe » (Talleyrand). Le gouvernement est tombé.  

 (Choses) Être détruit ou disparaître.  s'effondrer. L'obstacle, l'objection, la difficulté tombe. — Tomber à plat.  (Tomber à plat : être un échec complet. Plaisanterie qui tombe à plat.)

4 Perdre de sa force, ne pas se soutenir.  s'affaiblir, diminuer*. Le jour tombe.  décliner. Le vent tomba. « Les restes d'une voix qui tombe et d'une ardeur qui s'éteint » (Bossuet). « Elle se retrouva seule en face d'elle-même, et son assurance tomba » (Martin du Gard). Son exaltation, sa colère était tombée.   apaiser, se calmer.  

B (fin XVe) Descendre rapidement en étant entraîné.  

1 Être entraîné vers le sol, d'un lieu élevé à un lieu bas ou profond, quand ce qui retenait ou soutenait vient à manquer.  dégringoler. Tomber dans un abîme, un gouffre.  s'abîmer, dévaler, rouler. Tomber dans le vide.  basculer. « Nous eûmes le malheur de perdre un homme qui tomba à la mer » (Baudelaire). Tomber de cheval. — Être tombé du lit (s'être levé tôt contrairement à son habitude.). Tomber des nues, de la lune.( Tomber des nues : être extrêmement surpris, décontenancé par un événement inopiné (cf. Tomber de la lune, de haut). Tomber du ciel. — Ne pas être tombé de la dernière pluie.  (Ne pas être né, tombé de la dernière pluie : être averti.)

 (Choses) Corps qui tombe en chute libre ( gravitation). « Une énorme tuile arrachée par le vent, tombe et assomme un passant » (Bergson). La foudre est tombée.  L'avion tombe en flammes.  s'abattre, piquer. Eau, ruisseau qui tombe en cascade. « Un liquide sombre tombait de sa main fermée; goutte à goutte d'abord » (Loti). — Spécialt (précipitations atmosphériques) La pluie, la neige, la grêle tombe. Impers. « Il tombait une de ces pluies dont on ne devrait pas dire qu'elles tombent, car elles semblent sourdre de l'air » (Duhamel). — Se détacher, cesser d'être tenu. Feuilles, fruits qui tombent des arbres. P. p. adj. Ramasser les fruits tombés.  — Ses cheveux tombent, il va bientôt être chauve. Ce livre me tombe des mains  (d'ennui, de fatigue). — Paraître. L'édition du soir tombe (des presses) à cinq heures. Un télégramme, un fax vient de tomber.  

 LAISSER TOMBER : laisser échapper.  1. lâcher, répandre; fam. 2. droper, larguer. « Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie » (La Fontaine). — Fig. et fam. Laisser tomber qqch. : ne plus s'en occuper, ne pas y donner suite.  abandonner, négliger. Il a laissé tomber le piano. Laisser tomber qqn, ne plus s'intéresser à lui, l'oublier. Il a laissé tomber sa femme.  plaquer , quitter. « Laisser tomber quelqu'un, c'est l'expression à la mode  On laisse tomber un parent qu'on ne revoit plus, un ami à qui on refuse un service d'argent » (Bainville). Fam. Laisse, laissez tomber, invitation à abandonner (un projet, une attitude); (v. 1970; verlan)  Laisse béton. « Tu es ridicule de te monter comme ça... laisse donc tomber, ne te fatigue pas » (Sarraute).  fam. écraser.  

2 Par anal. (lumière, son, paroles, etc.) Arriver, parvenir du haut.  frapper. « Le soleil dont un rayon lui tombait sur les yeux » (Balzac). « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (P. Corneille). — La nuit, le soir tombe. — Des glas « lugubres, dont les notes tombaient une à une » (A. Daudet). Mots, paroles qui tombent de la bouche, des lèvres de qqn. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. « parole fatale, qui ne tomba pas en vain dans l'oreille du jeune roi » (Michelet).  

3 Baisser (de façon mesurable).  descendre. « la laine était tombée à huit sous la livre » (Zola). Cours, prix qui tombent. Dollar qui tombe sous la barre des cinq francs. Sa température est tombée de cinq dixièmes. Tomber à rien, à zéro.  se réduire.  

4 Fig. Être en décadence.  déchoir , dégénérer. « C'est être d'autant plus misérable qu'on est tombé de plus haut » (Pascal). Il est tombé bien bas.  

5 (Choses) S'abaisser en certaines parties, tout en restant suspendu ou soutenu.  pendre. « De charmants lustres  tombent des nervures de la voûte » (Gautier). « Une forêt de grands cheveux noirs  qui lui tombaient au jarret » (Rousseau). Manteau qui tombe jusqu'aux talons. — Spécialt Robe, veste qui tombe bien, dans un mouvement souple, en s'adaptant aux lignes du corps ( tombé). 

 Donner l'impression de s'affaisser. Épaules qui tombent.  tombant. Les bras lui tombent de fatigue. Fig. Les bras m'en tombent.  

6 S'incliner fortement.  descendre. « Une large casquette lui tombait sur les yeux » (Green). « Les toits à pente rapide tombaient bien bas sur les fenêtres » (Green). — Mar. Navire qui tombe sur l'avant, sur l'arrière, qui cale plus d'eau qu'il ne devrait à l'avant, à l'arrière. 

C 

1 (par anal. avec la rapidité, la brutalité de la chute) TOMBER SUR : s'élancer de toute sa force, et en exploitant l'effet de la surprise, sur..., contre...  attaquer, charger, foncer, fondre, se jeter, se précipiter. Tomber sur qqn à bras* raccourcis. « Pour les empêcher [les ennemis] de nous tomber dessus » (Martin du Gard). Fam. Ils vont nous tomber sur le dos, le paletot, le poil, le râble. — Fig. Tomber sur qqn, l'accuser ou le critiquer sans ménagement, l'accabler. « ce serait sur lui qu'on tomberait pour se débarrasser d'un témoin gênant » (Zola). — (Choses)  « L'opprobre et les malheurs tombent sur moi comme d'eux-mêmes » (Rousseau).  

2 TOMBER EN, DANS : se trouver, généralement de façon soudaine, entraîné dans (un état critique, une situation fâcheuse). Tomber dans l'abattement, le désespoir. Tomber en syncope.  Tomber dans un piège, une embuscade. Tomber dans le panneau. Tomber entre, dans les mains, aux mains, au pouvoir de qqn. Tomber en disgrâce*. — Chien qui tombe en arrêt, qui se met brusquement en arrêt. Tomber en panne. — Tomber dans une erreur, un excès... « les énormes bévues dans lesquelles tombait le prince » (Stendhal). — Tomber d'un excès dans un autre, dans l'autre.  1. aller, passer. « D'un mal il tomba dans un pire » (La Fontaine). Loc. Tomber de Charybde en Scylla : échapper à un inconvénient, à un danger, pour tomber dans un autre plus grave. — (Choses) Tomber dans le lac, à l'eau. (Tomber dans le lac : échouer, n'avoir pas de suite, en parlant d'un projet, d'une entreprise (cf. Tomber à l'eau*). Son projet est dans le lac.) Tomber en quenouille. Un acte qui tombe sous le coup* de la loi. « cette nation tombée de son opulence dans l'asservissement et les déchirements » (Tournier).  

3 (XVIe) (En fonction de verbe d'état, suivi d'un attribut) Être, devenir (après une évolution rapide). Tomber malade. Tomber amoureux. — Il est tombé d'accord* pour...  

D (par anal. avec le caractère inattendu de la chute)  

1 Arriver ou se présenter inopinément et par l'effet du hasard, à tel endroit ou tel moment.  survenir. Tomber dans, en... « Avant-hier tombe ici, pour m'emmener dîner chez lui, Verdurin » (Proust). Tomber en pleine réunion.  

 TOMBER SUR (qqn, qqch.) : rencontrer ou toucher par hasard. « Quand je les veux, celles-là [les clés], je tombe sur les épingles, de la monnaie, l'étui à lunettes » (D. Boulanger). Fam. Tomber sur un bec, un os. (Tomber sur un bec (de gaz) : rencontrer un obstacle imprévu, insurmontable (cf. Tomber sur un os*).

 TOMBER SOUS... : se présenter à portée de... Il attrape tout ce qui lui tombe sous la main. Il mange ce qui lui tombe sous la dent. — Fig. Tomber sous le sens : être compréhensible, évident. 

 TOMBER BIEN, MAL : arriver à propos ou non. « Il fut charmant, confus d'être si mal tombé » (Courteline). « Elle raffolait des fêtes foraines  Ça tombait bien ! » (Céline). Tomber à point*, à propos, à pic, pile : être très à propos. 

2 Arriver, par une coïncidence remarquable. « La paye de la grande quinzaine qui tombait ce samedi-là » (Zola). « le dimanche suivant tombait le premier novembre » (Zola). Fêtes tombant le même jour, occurrentes. Tomber juste*.

II V. tr. (XIII e; cour. en a. fr.; repris XIXe) Auxil. avoir  

1 Sport À la lutte, Vaincre (l'adversaire) en le faisant tomber et en lui faisant toucher le sol des deux épaules pendant quelques secondes. — Par ext. « Un pari à qui tomberait l'autre » (Goncourt).  

 Fam. Tomber une femme, la séduire, faire sa conquête (  tombeur). 

2 Fam. Tomber la veste, l'enlever (cf. Se mettre en manches de chemise*). 

Тълковен речник на българския език     

падаш, падна

1.     Движа се, устремявам се надолу под действието на тежестта си и земното притегляне. Пречупеното дърво падна на земята.

2.     Прен. Понижавам се, намалявам, спадам. Цените няма скоро да паднат. Температурата и падна.

3.     За атмосферни явления: вали, появява се. Падна дебел сняг. Падна слана/роса.

4.     Отпускам се надолу, провисвам, смъквам се. Косите и падаха на вълни по раменете и гърба и.

5.     Загубвам властта. Правителството падна.

6.     Губя положението си, ставам по-лош; пропадам. Падаш в очите ми с поведението си.

7.     Съсредоточавам се върху нещо, лягам, струпвам се. Светлината падаше върху лицето и. Отговорността пада върху всички.

8.     Отделям се от мястото си, откъсвам се. Копчето ми падна. Пломбата на зъба ми падна.

9.     Бивам превзет, победен; загубвам в двубой. Крепостта падна. Отборът ни падна в последната среща.

10. Прен. Бивам убит; загивам. Падна в неравен бой.

11. Прен. Наставам, настъпвам. Падна чудна лятна нощ. Падна мрак.

12. Проявявам някакво качество, обикновено в слаба степен. Падам малко писател.

13. Прен. Явява се удобен случай, случва се. Сега ми падна да пътувам.

14. Прен. Разг. Случва се, става, извършва се, има. Когато се съберат, пада голяма игра. Падна голям бой. – падам се/падна се.

15. Случвам се, намирам се, съм. Паднах се до прозореца. Рожденият ми ден се пада в неделя.

16. Получавам при разпределяне или жребий. Падна ми се голямата награда.

17. Явявам се, имам роднински връзки. Той ми се пада чичо.

18. Разг. Заслужавам. Щом не ме слуша, така му се пада.

19. При определяне на посока – намирам се, разполагам се. Градът се пада на север от планината.

20. Разг. Полага се, редно е. Днес се пада аз да чистя.

21. Пада камък/планина от гърба/раменете/плещите/сърцето ми. Чувствам облекчение, олеква ми, освобождавам се от голяма грижа или задължение.

22. Падам в капана/клопката/примката. Оставям се да бъда заловен, изобличен или измамен.

23. Падам в краката/нозете. Коленича. Моля настойчиво.

24. Падам в очи. Лесно се забелязвам.

25. Падам в ръцете. Заловен съм; изпадам под нечия власт.

26.  Падам духом. Отчайвам се, унивам.

27. Пада ми в очите. Разочаровам се от някого или нещо.

28. Пада ми на сърцето. Влюбвам се в някого. Много ми харесва.

29.  Пада ми от бога/небето. Получавам наготово.

30. Пада ми път. Случва ми се да мина отнякъде.

31. Пада ми сърцето в петите. Силно се изплашвам.

32. Падам като гръм от ясно небе. Силно изненадвам.

33. Падам на легло. Разболявам се тежко.

34. Падам от Марс/от небето. Силно се изненадвам; наивен съм.

35. Пада сянка. Помрачава се. Опетнява се, създава се лошо име.

36. Падат пари. Печели се.

37.  Не падам по-далеч. Не се различавам.

38. Не падам по-долу. Не допускам да бъда надминат, не притежавам в различна степен някакво качество.

39. Ще ми паднеш. Ще ми се удаде случай да си отмъстя.

40. Пада гръм/мълния. Чува се гръмотевица.

41. Косъм да не падне от главата. Цял, невредим, непокътнат.

42.  Паднала жена. Жена, която води развратен живот.

43. Падаща звезда. Метеор.

Analyse

Le contenu sémantique général du verbe tomber – « être entraîné vers le bas sous l'effet de la pesanteur » le définit tout d’abord en sa construction type qui est celle du syntagme situationnel. Ainsi, nos références citent en premier lieu l’emploi intransitif du verbe tomber, prenant en compte la distinction entre l’animé et l’inanimé pour le support de l’action. Il est à noter que le PR introduit d’abord la construction avec comme support les êtres vivants, tandis que, commençant sa description par le support de l’inanimé, le TLF considère cet emploi comme plus fréquent, voire sémantiquement plus approprié. Pour le bulgare, nos références suivent plutôt le principe du TLF.

En fait, dans cette construction intransitive ce qui attire surtout notre attention c’est le substantif même, dans le rôle du sujet, que les affinités de combinatoire privilégient dans les deux langues. En premier lieu, ce sont des substantifs – objets qui peuvent se détacher d’un ensemble comme mur, tuile, feuilles, fruits, dent, peau, manteau ; пломба, копче, etc. Un autre domaine représente des parties du corps : cheveux, dent, bras, épaules, larmes, de la sueur ; коси, etc. De même, les deux langues emploient systématiquement le verbe tomber ayant pour sujet une manifestation atmosphérique : neige, pluie, foudre, brouillard, brume, rosée ; дъжд, сняг, град (градушка), мъгла, слана, мълния, мрак, светлина, etc. dans le sens de « se produire, intervenir » ; ainsi que dans le sens général de « baisser en intensité : température, vent, nuit, jour, lumière, cours, prix ; температура, скорост, ускорение, температура, налягане, цена, валутен курс, etc. Il est à noter que, en parlant des phénomènes atmosphériques, le français privilégie l’emploi de la construction impersonnelle, mettant le support de l’action en position d’objet direct : cf. : Il est tombé 10 cm. de neige ; ou encore l’expression figée Il tombe des cordes = il pleut très fort. Un autre domaine où les emplois se recoupent est celui de la localisation temporelle ou spéciale, dans le sens de « se trouver », « coïncider » : cela tombe à l’heure, cela tombe un mardi. Ici il est à noter une différence majeure, à savoir que le bulgare emploie dans ces cas une construction pronominale, inexistante en français : Градът се пада на север от планината, Рожденият ми ден се пада в неделя. Dans cette construction on observe également nombre d’expressions où le verbe est employé dans un sens figuré. Cf. : Plaisanterie qui tombe à plat (êst un échec complet, плоска шега, която увисва) ; Сега ми падна да пътувам (‘l’occasion se présente de voyager’), падна голяма игра (on s’est follement amusé à jouer), Падна ми се голямата награда (le hasard a fait que j’ai eu le grand prix), Така му се пада (il l’a bien mérité), Днес се пада аз да чистя (Aujourd’hui c’est à moi de faire le ménage), Камък ми падна /от раменете/ (être soulagé), Пада ми от бога/небето (qch tombe du ciel), Пада ми сърцето в петите (avoir une peur bleue), Падат пари (gagner pas mal d’argent), Косъм да не падне от главата (Que rien de mal ne lui arrive), etc. 

Quant au sujet animé, les emplois dans les deux langues convergent également : Tomber par terre, Tomber de cheval, Tomber mort, mortellement blessé, Tomber de fatigue, de sommeil, Tomber des nues, de la lune, Tomber du ciel, Le gouvernement est tombé, Правителството падна, Отборът ни падна в последната среща, Падам на легло, Падам от Марс/от небето, etc. En outre, on notera ici la présence dans les deux langues de nombreuses expressions plus ou moins figées du verbe tomber au sens figuré, qui doivent être interprétées suivant le contexte pour trouver une traduction adéquate. Cf. encore : Tomber comme une masse (падам като отсечен), Tomber comme des mouches (падат като мухи),  Tomber sur qqn (нападам някого, обвинявам), Tomber les quatre fers en l'air (падам възнак), Tomber sur un bec, un os. (rencontrer un obstacle imprévu, insurmontable, удрям на камък), Tomber sur le cul (être stupéfait, décontenancé, падам по гръб от коня, изненадан съм), Ne pas être né, tombé de la dernière pluie (не съм вчерашен) ; Падаш в очите ми (perdre l’estime de qun), Не падам по-долу (valoir autant), Не падам по-далеч (être le même que, ressembler fortement à), Падам духом (désespérer), Пада ми на сърцето (aimer, raffoler de), Падам в очи (se faire remarquer), Ще ми паднеш! (Je t’aurai !), Падам в капана/клопката/примката (tomber dans le piège), Падам малко писател (être quelque peu écrivain), etc.

En deuxième lieu il convient d’analyser le syntagme situationnel du verbe tomber. Comme tout verbe implique une localisation du processus, nous arrêterons ici notre attention plus particulièrement sur ces expressions qui indiquent plus un état ou une situation et qui ont la fonction d’attribut. Cet emploi est très privilégié par le français dans le sens de « se trouver, généralement de façon soudaine, entraîné dans un état critique, une situation fâcheuse. Cf. : Tomber dans l'abattement, le désespoir, tomber en syncope, tomber dans un piège/une embuscade, tomber dans le panneau, tomber entre/dans les mains, au pouvoir de qqn, tomber en disgrâce, tomber dans une erreur, un excès, tomber en colère, tomber en panne, tomber dans le lac, à l'eau (échouer, n'avoir pas de suite, en parlant d'un projet, d'une entreprise), tomber en faillite, tomber dans les pommes, tomber dans les mains/sous la coupe de qqn/qqc. (se retrouver sous la dépendance, la domination ou l'influence de quelqu'un). Pour la plupart de ces expressions le bulgare pourra avoir recours à des formes dérivées du verbe падам, dont les préfixes contiennent soit une idée de diminution ou de regression, soit une idée négative : Cf. : изпадам в паника, униние, самосъжаление, в несъстоятелност; пропадам (проект, фирма), попадам под нечия зависимост, etc.   

Le troisième type de syntagme que forme le verbe tomber, la construction attributive proprement dite (tomber tel), est d’un emploi très fréquent en français et beaucoup moins propre au bulgare. Cf. : Tomber mort, mortellement blessé (падам мъртъв, тежко ранен), tomber raide mort/ inanimé (падам безжизнен, като труп), tomber malade (разболявам се), Tomber amoureux (влюбвам се), Il est tombé d'accord pour (Съгласи се с), tomber fou (полудявам), tomber ivre mort (напи се до смърт), tomber enceinte (забременявам), etc.       

En dernier lieu, quoique peu fréquente d’emploi, citons pour le français uniquement la construction transitive directe du verbe tomber. Dans cette construction, dont l’emploi est très limité – par exemple dans le domaine de la conquête (sport ou séduction) ou du « dévoilement » – le sujet est un être animé (une personne), tandis que pour l’objet l’on distingue soit une personne, soit, plus rarement encore, un objet spécifique (vêtement, masque, cœur).  Cf. : tomber l'adversaire (lutte), tomber un mec (dans une bagarre), tomber une femme (lui faire la cour), tomber les cœurs (ravir), tomber la veste (l’enlever), tomber le masque (révéler sa vraie nature).

Pour conclure, notons encore deux constructions spécifiques pour le français, notamment l’emploi de la forme factitive avec les auxiliaires faire et laisser. Cf. : qun fait tomber qqn/qch = provoquer la chute de qun/cqch involontairement ou non (бутам някого, изпускам, хвърлям нещо), qch fait tomber qqn (dans qqc./en) – des images qui me font tomber dans une rêverie ; faire tomber des têtes (faire tuer des gens) ; laisser tomber un objet (изпускам нещо), laisser tomber le piano (не се занимавам вече с), Il a laissé tomber sa femme (Той изостави жена си), laisser tomber qqn comme une vieille chaussette (зарязвам някого), laisser tomber la neige (оставям нещата да се случват както дойде) ; se laisser tomber sur le lit (отпускам се/лягам на леглото).

  

Conclusion

Des exemples analysés dans les deux langues il ressort certaines particularités à des niveaux différents :

1.    Au niveau strictement lexical, pour la traduction de tomber le bulgare a souvent recours à des formes affixées comme пропадам; изпадам (в паника, в трудно положение и пр.). Dans nombre de cas, pour exprimer la même idée le bulgare se sert d’autres moyens lexicaux.

2.    Au niveau syntagmatique les constructions sont similaires, à complément prépositionnel (locatif ou causal) : tomber en panne, tomber de rire ; падам от коня, изпадам в депресия, падам от смях. Une différence majeure : le français privilégie de loin la construction attributive (cf. : tomber malade, amoureux, etc.).

3.    Au niveau sémantique et celui de la combinatoire, on note que le contenu sémantique nucléaire du verbe tomber, celui de mouvement effectué du haut vers le bas, amène à des locutions qui contiennent le plus souvent une idée plus ou moins négative (cf. : tomber des nues, tomber malade ; падам от облаците / от високо).

L’exemple de cette analyse à plusieurs niveaux du verbe tomber illustre, à lui seul, la complexité des éléments qui jouent conjointement pour une communication adéquate entre les langues et les cultures (dont le travail du traducteur ou encore de l’enseignant de langue étrangère tiennent une place privilégiée).  

[1] L’analyse des constructions du verbe tomber en français est basée sur les descriptions lexicographiques issues des dictionnaires TLF, Petit Robert 2008, Larousse de la langue française ; pour les interprétations en bulgare – sur celles du Тълковен речник на българкия език    

 

 

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